L’accompagnement dans le cadre de l’Analyse des Pratiques Professionnelles est parfois perçu comme un temps de repos, un temps de « pause » professionnelle où l’on peut passer deux heures à gribouiller ou à griser des carreaux sur une feuille.

Le travail de l’Analyste est de faire réfléchir, de confronter les opinions, les valeurs, de chercher à donner un sens à nos postures professionnelles, de recentrer nos techniques d’accompagnement autour du projet de l’usager.

Les mots renferment des sens et ne sont pas uniquement utilisés pour montrer un « savoir ». Mon travail est donc d’accompagner et de travailler sur nos postures professionnelles, de donner un sens, de nous poser la question du « Pour quoi » j’accompagne cette personne et de sortir du « Pourquoi » celle-ci met à mal tout ce que nous lui proposons. C’est ainsi que « Notre » usager nous invite à nous poser la question du bien-fondé et des limites de nos techniques d’accompagnement. L’adhésion, la compliance, sont des possibles de la personne si nous accompagnons SON projet personnel, pas si nous lui proposons de « coller » à nos propositions.

Dernièrement, je me suis reposé la question de la place de l’usager. Quel est son réel espace fondamental dans la construction et l’évolution de son projet personnalisé face au travail du collectif des professionnels où réside souvent une certaine « hiérarchisation technique » des accompagnants, un certain pouvoir des « sachants » face à des projets d’usagers qui leurs apparaissent parfois incongrus, inadaptés, inconvenants, parfois choquants voire grossiers ?

C’est à cet instant que la personne accompagnée, dès lors définie comme non compliante, rejetant toutes les propositions d’aide, de soutien, de soin, se retrouve face à des professionnels qui se sentent au pied du mur, disqualifiés, incompétents, inutiles, sans aucune nouvelle « arme ». C’est à moment précis que notre créativité doit émerger, ralliant usager et professionnels sur un même objectif, l’accompagnement global, singulier et personnalisé de la personne.

Alors que la créativité relèverait soi-disant de l’innovation sociale ; l’outil le plus complexe mais le plus efficient ; celle-ci pourrait être considérée selon moi comme le versant « artistique » de l’accompagnement global. Cette créativité étant la base, le socle incontournable de la transdisciplinarité. Le préfixe « Trans » venant permettre l’adaptation, l’assemblage des compétences techniques professionnelles au bénéfice d’une partition collective du prendre soin.

L’objectif premier des sessions d’Analyse des Pratiques Professionnelles est de travailler, de décortiquer, de réfléchir et de débattre autour de cas cliniques, des situations vécues, parfois appelées « complexes ». Ce travail doit s’inscrire, s’ancrer dans un climat de confiance et de respect, dont la finalité est de permettre de TOUT aborder ensemble. Ces situations dites « complexes »
doivent faire émerger des hypothèses d’accompagnement MAIS AUSSI et SURTOUT nous permettre de nous recentrer objectivement sur nos limites techniques, sur nos difficultés professionnelles et personnelles au sein de ces accompagnements, de savoir et pouvoir remettre en questionnement le collectif afin de trouver un nouvel assemblage de compétences qui s’adapte au projet personnalisé qui nous est imposé par la personne accompagnée.

C’est-à-dire, en dégager des hypothèses de travail afin :

–
– De rendre plus efficient l’accompagnement des usagers au regard de LEUR projet personnalisé ;

– 
– Travailler des axes concrets d’accompagnement :

o Passer de l’individuel ou collectif ;

o Du pluri au transdisciplinaire

A suivre…

Franck WAREMBOURG

Analyste des Pratiques Professionnelles